À quelques heures de la célébration de la fête de Pâques, l’engouement se fait sentir dans les marchés sénégalais, notamment autour des produits entrant dans la préparation du "Ngalakh", ce plat traditionnel (un dessert à base de bouillie de mil arrosé d'un jus à base de pâte d'arachide, pain de singe, sucre et chocolat), partagé par les chrétiens avec leurs voisins musulmans dans un esprit de solidarité et de convivialité.
Mais cette année encore, les commerçants comme les consommateurs vont devoir composer avec la flambée des prix, notamment pour les produits céréaliers."On vend, mais c’est cher", confient certains commerçants au marché Tilène de la Médina.
Malick, vendeur au marché de Thiaroye, confie que les prix sont chers : "On rend grâce à Dieu, car on arrive à écouler nos produits petit à petit même si c’est cher sur le marché. Le pain de singe ou "bouye", est particulièrement coûteux cette année. Le kilo se vend entre 1100 et 1200 F CFA, et la tonne atteint 950 000 F. Le "bouye", tout comme le mil et l’arachide, proviennent essentiellement de la Casamance et du Saloum, des régions agricoles réputées pour la qualité de leurs produits.
Plus loin, dans cette partie du marché réservée à la vente de produits céréaliers, Khadim Kane, un autre commerçant, abonde dans le même sens: "Les clients viennent chercher la pâte d’arachide, un ingrédient essentiel du ngalakh. Le commerce marche, on ne se plaint pas, mais il y a aujourd’huiune prolifération des vendeurs, et la vente en ligne via les réseaux sociaux nous fait concurrence."
"Le mil, c'est 350 f Cfa le kilo, la pâte d'arachide est vendu à 1 200 F le kilo, le seau de 20 kg est à 20 000 F, et 6 000 F pour le seau de 5 kg".
Rencontrée devant un moulin à mil, Charlotte Diouf, souligne: "Je suis venue moudre mon mil pour préparer le ngalakh, mais tout est devenu très cher. J’ai déboursé 10 000 F juste pour transformer quelques kilos de mil."
Elle souligne toutefois la dimension symbolique et fraternelle de ce plat : "C’est surtout un plaisir pour nous, chrétiens, de partager chaque année avec les musulmans. Eux aussi, lors des fêtes musulmanes, s’occupent bien de nous."
Lamine Kane est le gérant du moulin à mil. Il facilite la tâche à ceux qui souhaitent obtenir une pâte d’arachide pure et fraîche. "Certains viennent avec leurs sacs d’arachide. Nous les grillons et les transformons sur place pour 100 ou 200 F/kg. Sinon, il y a aussi des seaux de pâte déjà prête."
Ce vendredi saint marque pour les chrétiens le début de la commémoration de la fête pascale. Une distribution de Ngalakh est faite par les familles chrétiennes aux musulmans avant d'aller à la messe. Ce geste symbolique se poursuit jusqu'au dimanche, jour de fête marquant la fin du carême chrétien.
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